Barques latines

« Julien Descossy explore ses sujets en les dépouillant de toute anecdote, pour leur attribuer une remarquable plasticité et une réflexion conceptuelle de l’image.

Point d’anecdote en effet, à travers une pensée quasi philosophique d’une grande rigueur et honnêteté picturale, il réussit dans chaque œuvre à exprimer un point de vue nouveau sur le corps humain et sur le paysage, qu’il traite de la même manière, sans frontière entre les uns et les autres. Ses baigneuses sont autant de paysages, qui expriment sous forme de concept la liberté totale d’exécution de la pensée profonde de l’artiste. Des peintures dépouillées de leurs attributs habituels, pour donner un nouveau sens de lecture, et ne retenir que la vision la plus structurelle, la plus radicale.

C’est cette radicalité intangible qui mène la peinture et le travail d’un des artistes des dernières générations de la peinture française. »

Joséphine Matamoros

Bonjour Julien,

Dimanche je me suis arrêté à Collioure pour voir votre exposition au musée.

Alors que la tramontane se faisait violente et que le ciel n’invitait pas à la rêverie, j’ai passé un magnifique moment au milieu de ces baigneuses, de ces barques et de ces paysages.

Collioure a tellement été galvaudé, tellement stéréotypé, qu’il paraît presque impossible de le peindre sans tomber dans les clichés.

Et voilà que les parasols se font voiles latines, que le clocher capte une autre lumière que le fort Saint-Elme retrouve sa beauté brute.

J’ai particulièrement aimé les « Maisons sur les rochers ».

Les barques, alanguies sur le sable, un peu comme toutes ces naïades, ont une forme identique et pourtant différente à chaque fois, oubliées avec leur cargaison de souvenirs de pêche miraculeuses.

Sur beaucoup d’entre- elles, vous avez représenté cette petite fourche où l’on pose la rame et qui s’appelle une « Dame de nage »…

Enfin, toutes ces femmes fantasmées dont les attitudes si bien rendues alimentent le désir. Leur bikini est l’écrin brulant d’un érotisme suggéré.

Merci pour cette balade hors du temps dans votre Collioure.

Cordialement,

 

Jean-Michel Collet